Des étudiants de l'IFSI à Paris-Descartes - Octobre 2016


     DES ÉTUDIANTS de l’IFSI de CHÂTEAUDUN à l’UNIVERSITÉ PARIS-DESCARTES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des étudiants en soins infirmiers de troisième année se sont rendus à la 11ème journée du Centre National de Ressources de lutte contre la Douleur (CNRD) à la Faculté des Sciences Fondamentales et Biomédicales au Centre Universitaire des Saints-Pères qui est un des sites de l’université Paris Descartes.

 

Le thème des conférences de la 11ème journée du CNRD du 13 octobre 2016 portait sur « La douleur provoquée par les soins », possiblement donc, provoquée par tout professionnel de santé exerçant une activité de soin.

Or la douleur revêt une variabilité de perception et d’expression aussi singulière qu’il existe d’individus sur terre dès lors qu’il est admis qu’elle puisse se définir comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle ou décrite en terme d’une telle lésion » selon l’International Association for the Study of pain (IASP).

Quelle situation paradoxale que d’avoir l’intention de « prendre soin » selon la conception de Walter Hesbeen[1] en 1997, désignant « cette attention particulière que l’on va porter à une personne vivant une situation particulière en vue de lui venir en aide, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa santé » et en même temps reconnaître que en 2016, selon Lombart, «malgré l’existence de moyens simples et efficaces, beaucoup de soins douloureux sont encore réalisés sans analgésie »[2].

Pourtant que de chemin parcouru depuis Le plan de lutte contre la douleur 1998-2000 qui s’inscrivait dans la politique d’amélioration de la qualité de soins dispensés aux malades, qui préconisait en son troisième axe la nécessité de « l’information et la formation des professionnels de santé notamment pour mieux évaluer la douleur ». Penser à évaluer la douleur était reconnaître qu’elle puisse exister… Et un million de réglettes de mesure de l’intensité de la douleur furent distribuées pour mieux la dépister, la quantifier et suivre son évolution avec la participation active des personnes prises en soin.

Puis une Circulaire du 11 février 1999 relative à la mise en place de la prise en charge de la douleur aiguë par les équipes pluridisciplinaires médicales et soignantes dans les établissements de santé et institutions médico-sociales encouragea la réalisation de protocoles de prise en charge de la douleur. Dans ce cadre les infirmiers purent prendre l’initiative, dans des conditions prédéterminées, d’administrer des antalgiques.

 

[1] HESBEEN, W. (1997). Prendre soin à l’hôpital, inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante. Paris : Masson, p.8.

[2] LOMBART, B. (2016). Douleurs provoquées, douleurs provocantes : questions philosophiques. Livre des communications. Paris : CNRD, p.3.

 

« La douleur n’est pas une fatalité, elle doit être au centre des préoccupations de tout professionnel de santé » affirmait le Ministre délégué à la santé Monsieur Bernard Kouchner dans un discours inaugural d’ouverture du 9ème congrès Pédiadol en 2001. Ainsi les priorités nationales du Programme de lutte contre la douleur 2002-2005, sous l’impulsion du professeur Annequin[1] développent-elles un axe pour « prévenir la douleur provoquée par les soins » et en 2014 celui-ci déclarait encore : «C’est vraiment important […], car cette douleur provoquée par les soins a été la grande oubliée. Les médecins y étaient peu sensibilisés. Seules les infirmières, les personnels paramédicaux, souvent en première ligne, manifestaient leur frustration et leur insatisfaction.»[2]

La présence d’un groupe d’étudiants en soins infirmiers à cette journée de réflexion est la manifestation qu’ils considèrent « qu’il n’y a rien anodin dès lors qu’ [ils] interviennent sur le corps et dans la vie d’un autre »[3] parce qu’ils sont venus ensemble découvrir que diverses « pratiques bonnes ne sauraient se réduire à l’application même rigoureuse des guides de bonnes pratiques» (Herbée, 2015) en termes de thérapeutiques. Pour exemple des moyens non pharmacologiques comme la musicothérapie, l’intervention musicale, des objets insolites et des outils malins participent de la prévention de la douleur dans les soins.

Se rendre à Paris, pour entendre les intervenants de cette 11ème journée du CNRD souligne l’intention qu’il y avait à découvrir l’évolution des « attentes de la population », des « développements scientifiques et techniques des pratiques de soin » dans le cadre de la prévention de la douleur et augure de ce que W. Hesbeen décrit comme « une intention autant que d’une prise de consciences, celles d’agir pour plus de considération pour l’humain et celles d’œuvrer pour davantage d’éthique dans le concret des pratiques du quotidien. Et cela ne va pas de soi, cela requiert un effort. », en l’occurrence pour ces étudiants, autant en termes de relation / communication avec les maîtres de stage, que de négociation pour obtenir l’autorisation d’aménager les horaires de stage pour se libérer, que financier pour se rendre à Paris. Souhaiter « mettre plus de soin dans les soins » selon W. Hesbeen requiert donc de l’étudiant de développer des compétences autant à son propre service, qu’à celui des personnes dont il prendra soin.

 

[1] Le docteur Daniel Annequin est anesthésiste de formation, psychiatre et premier professeur en spécialité « douleur de l’enfant », actuellement responsable de l’unité douleur à l’Hôpital d'enfants Armand Trousseau, siège du CNRD,  à l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris. Tél. : 01 44 73 54 2.

[2] http://www.liberation.fr/societe/2014/12/01/la-douleur-des-actes-un-vrai-mal-en-soi_1154547

[En ligne 19/10/2016]

[3] HESBEEN, W. (2015). Mettre du soin dans les soins. Évolution - Disposition -Éthique du quotidien, in ARSLAN, S.; HESBEEN, W. (coord.).Soin(s). Perspectives éthiques. Paris: Seli-Arslan, p.23 http://www.soins-palliatifs.org/wp content/uploads/2015/12 /Extrait_Soins_Perspectives-ethiques-Des-pratiques-de-soins-au-prendre-soin.pdf [En ligne 19/10/2016]

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